Une classe pour les élèves polyhandicapés à l’école primaire : une première dans le Var !

Un projet ambitieux de scolarisation inclusive vient de naître au sein de l’école élémentaire Octave Maurel. Porté par l’association des enfants de la Baie de Bandol (Établissement « Les Lauriers Roses ») et le Groupe Umane (Établissement « Les Myosotis » à La Crau), ce projet a permis de créer la première unité d’enseignement externalisée pour élèves polyhandicapés (UEEP) dans le Var.

Entretien avec Marine Guissart, directrice de l’Etablissement pour Enfants et Adolescents Polyhandicapés (EEAP) « Les Lauriers Roses » à Bandol :

Comment est né ce projet ?

MG : L’association des enfants de la Baie de Bandol et le Groupe Umane ont répondu ensemble, en mai dernier, à un appel à manifestation d’intérêt lancé par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et l’Education Nationale pour la création de ce type d’unité d’enseignement externalisé.
Au regard du sérieux de la proposition et de l’accompagnement important de la commune dans cette
dynamique inclusive (label Unicef « Ville amie des enfants »), le projet a été retenu et validé en août pour
une ouverture de classe à la rentrée des vacances de la Toussaint.

Quelle est la philosophie de ce projet ?

MG : Cette classe s’adresse à tous les enfants polyhandicapés du département du Var. Elle donne droit
à l’école à des jeunes qui n’ont jamais été scolarisés et qui portent un lourd handicap. Cette Unité d’enseignement permet de considérer, soutenir et développer les potentialités et les compétences cognitives de ces enfants par une pédagogie différenciée. L’utilisation constante de la Communication Alternative et Améliorée (ou Augmentée), la « CAA », est indispensable en classe pour les enfants polyhandicapés. À travers ces différentes techniques, cet enseignement leur permettra de mieux
connaître leur environnement, de se repérer dans l’espace et de faire, à termes, des choix affirmés.

Comment cette classe sera mise en œuvre ?

MG : Nous allons composer une classe d’une vingtaine d’élèves de 6 à 11 ans, puis nous formerons des
sous-groupes de 4 à 8 élèves maximum afin d’homogénéiser les apprentissages tout en respectant le
rythme de chaque élève. Au début, l’enseignement sera proposé sous forme de demi-journée. Cette organisation devra être particulièrement modulable pour s’adapter aux soins et aux besoins des enfants. Une équipe médico-sociale, composée d’un éducateur spécialisé, d’une auxiliaire de puériculture et d’un accompagnant éducatif et social, travaille aux côtés de l’enseignant de cette classe spécialisée.
Cette création a nécessité un travail préparatoire indispensable. D’un côté, les enfants de l’école Octave
Maurel ont produit un film de présentation de leur établissement à destination des enfants polyhandicapés. Par ailleurs, les équipes des Lauriers Roses ont proposé un film de présentation de la structure ainsi que des sessions de sensibilisation auprès du personnel scolaire et périscolaire. Enfin, une plaquette de présentation a été envoyée à tous les parents d’élèves.

Pour vous, quels sont les plus grands bénéfices de cette initiative ?

MG : Pour les enfants de l’école élémentaire, il s’agit de ne plus « invisibiliser » le polyhandicap. Le bénéfice réside donc dans une inclusion pleine et entière qui permettra, peut-être, de voir grandir des adultes plus tolérants et plus responsables. Pour les enfants polyhandicapés, il s’agit d’ouvrir un monde fermé et inconnu, et bien sûr, d’entrer dans les apprentissages. Le plus grand bénéfice est peut-être de pouvoir exister en tant qu’enfant, élève et individu !