Face à la pénurie de médecins due aux départs en retraite, la Ville de Bandol se mobilise pour garantir un accès aux soins à ses habitants.
Une situation alarmante
Les chiffres sont parlants et rendent cette initiative cruciale pour éviter une « perte de chance“ en matière de santé publique :
• Plus de 50 % des médecins de la commune ont plus de 60 ans.
• Un seul médecin de la commune a moins de 40 ans.
• Près de 900 habitants n’ont pas de médecin traitant faute de professionnels pouvant prendre de nouveaux patients.
Ainsi, en 2022, la commune a été placée par l’ARS (Agence Régionale de Santé) en zone d’action complémentaire (dernière catégorie avant d’être classée en désert médical).
Le maire et les institutions mobilisés
Le maire Jean-Paul Joseph, lui-même médecin, a pris ce dossier à bras-le-corps, le considérant comme une priorité. Dès 2022, il avait abordé cette question lors d’un conseil communautaire et a tenu à inscrire dans le CRTE (Contrat de Relance et de Transition Écologique) la création d’un centre de santé à Bandol.
Relayée par un article dans la presse locale cette année-là, cette initiative avait suscité un intérêt notable de la part des médecins.
En décembre 2023, l’ARS a donné son feu vert pour la création du centre de santé, en collaboration avec « La Fabrique des Centres de Santé“, un organisme dédié à l’accompagnement des collectivités dans de tels projets.
Un emplacement stratégique
Stratégiquement positionné à proximité de l’embranchement de l’autoroute et des grands axes routiers, le site retenu est un terrain communal proche du Val d’Aran. Le hangar actuellement implanté sur la parcelle devra être démoli (opération prévue pour fin 2024). Ensuite, début 2025, la commune déposera le permis de construire pour un démarrage prévisionnel des travaux au printemps.
Ce centre de santé sera un bâtiment en R+1 avec un ascenseur, une salle d’attente, un accueil avec des assistants médicaux et des cabinets que pourront se partager les praticiens qui postuleront. Ce chantier est estimé à 2,4 millions d’euros.
Ce nouvel établissement, prévu pour ouvrir en mars 2026, accueillera 12 cabinets, principalement de médecins généralistes, offrant ainsi une première réponse aux besoins médicaux de la population. Le diagnostic de l’ARS permettra d’affiner les besoins en spécialistes.
Un parking de 45 places facilitera l’accès des patients bandolais et des habitants véhiculés des communes voisines. Un plan de mobilité est en cours pour assurer une bonne desserte en transports en commun. Le centre de santé sera ouvert toute la semaine, y compris le samedi, avec des horaires restant à définir. Les médecins seront salariés par la commune, garantissant ainsi l’absence de dépassements d’honoraires. De plus, ils pourront être détachés dans d’autres villes de l’agglomération si nécessaire.
Ce nouvel équipement marque une étape importante pour Bandol dans sa lutte contre la pénurie médicale et son engagement pour la santé de ses citoyens, mais également à l‘échelle de notre territoire.
Qu‘est-ce qu’un centre de santé ?
Un centre de santé est une initiative publique où les médecins sont salariés par la Ville, tout comme son futur directeur ou sa future directrice, et pratiquent des tarifs sans dépassement d’honoraires. Contrairement aux espaces de santé, qui sont privés, le futur centre de santé sera géré par la Ville de Bandol, par l’intermédiaire de son centre communal d’action sociale (CCAS). Le diagnostic étant en cours, on ne connaît pas encore les spécialités qui seront représentées au sein du futur établissement, mais les candidatures déjà reçues émanent de jeunes médecins qui ne veulent pas s’installer en profession libérale.
Les centres de santé doivent élaborer un projet de santé attestant de leur exercice coordonné qu’ils transmettent à l’Agence régionale de santé (ARS) en même temps que leur règlement intérieur. Ils sont appelés à conclure avec l’ARS un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens préalablement à tout versement d’une aide financière par l’agence. On compte plus de 2 500 centres de santé (dont 582 pluriprofessionnels). Ils sont implantés majoritairement en milieu urbain.
L’accès aux soins sur l’ensemble des communes est devenu extrêmement difficile. Je le vis tous les jours en tant que médecin. Les collègues généralistes se désespèrent et certains se posent la question d’arrêter, tellement ils sont débordés… Ce qui ne ferait qu’aggraver la situation.
Jean-Paul JOSEPH, Maire de Bandol